mercredi 19 mai 2010

Notre passion: la voile

Notre saison de voile est officiellement commencée! Nous avons mis notre voilier à l’eau samedi dernier. Il est maintenant à sa marina d’été.

La voile, pour papa grenouille et moi, est une véritable passion. C’est un ami qui nous a initiés, il y a environ 14 ans. Nous avons alors découvert que l’eau est notre élément. Depuis, nous passons nos étés sur l’eau. Les premières années, nous avons accompagnés nos amis sur leur voilier. Puis en 2000, nous avons fait l’achat de notre premier voilier. Sur le voilier, on oublie tout, les tracas quotidiens semblent partir au vent. Durant l’hiver, nous essayons de maintenir notre passion vivante par des formations, des conférences et des rencontres avec d’autres passionnés.

Petite grenouille a débuté sa vie de marin dans le ventre de maman. Il nous accompagne depuis toujours. Nous avons adapté le voilier à chacun des stades de son développement. À notre grand soulagement, il adore lui aussi être sur l’eau. Le voilier semble l’apaiser. Il a toujours mieux dormi sur le bateau. Il y est aussi beaucoup moins rigide. Je crois que les mouvements du voilier lui donnent la proprioception nécessaire pour l’apaiser. En fait, la diète sensorielle dont je vous ai déjà parlé (voir le texte : Les nuits sont faites pour dormir) se fait de façon continue et automatique sur le voilier.

Le voilier est un peu comme notre bulle. C’est un endroit où l’on se retrouve tout les trois, loin des rendez-vous, des obligations, des soucis. On se colle, on passe du temps ensemble, on joue, on découvre…

Nous étions heureux, la fin de semaine dernière, de débuter une nouvelle saison de voile.

L’hiver, le voilier est entreposé au Québec, dans une marina de St-Paul-l’île-aux-noix, sur les rives de la rivière Richelieu. L’été, nous le laissons dans une marina près de Plattsburgh, sur le lac Champlain. Donc, la fin de semaine dernière nous avons descendu la rivière, passé les douanes américaines et navigué jusqu’à la marina d’été.

J’étais si contente d’être sur l’eau et de naviguer. Je redécouvrais les mouvements du bateau sur l’eau, les paysages, les bateaux d’amis. J’étais heureuse de revoir des connaissances que nous voyons que l’été et d’avoir de leur nouvelle.

Nous avons croisé N., une fille que l’on connait depuis nos débuts. À ce moment, elle naviguait avec une amie. Les deux filles célibataires possédaient un voilier ensemble. J’ai des souvenirs de soirées mémorables en leur compagnie. Durant un moment, nous nous sommes perdus de vue. Nous l’avons retrouvé, il y a quelques années sur les quais de notre marina. Elle est maintenant en couple et a deux enfants.

Nous la croisons, donc, la fin de semaine dernière. Les enfants ont grandi, on échange sur nos projets d’été. Elle nous annonce que leur été sera plus longue qu’habituellement. Ils partent en famille, un an sur le voilier, direction les Bahamas. Wow! Je suis contente pour eux.

N. - « Et vous, papa et maman grenouille, avez-vous un projet similaire? À quand le grand départ?»

Papa grenouille me regarde. Je vois dans son regard qu’il comprend ce que cette question bouleverse en moi.

Maman grenouille – « Je ne sais pas trop… Disons que pour l’instant… même si l’on voulait, on ne pourrait pas… avec les difficultés de petite grenouille…tu comprends? »

Ce rêve de partir en famille, je l’ai au plus profond de mon être. Avant même d’avoir un enfant, je chérissais ce rêve. À chaque fois que j’ai rencontré des familles ayant fait un long voyage à voile, je me disais que j’aimerais le faire moi aussi. Ces enfants reviennent avec une telle richesse, une ouverture sur le monde, un regard différent, une maturité bien spéciale.

Lorsque j’ai appris la différence de petite grenouille, j’ai enfoui ce rêve. Il n’est jamais disparu, mais il a été enterré sous les inquiétudes, les démarches, les rendez-vous, les espoirs qu’amenaient l’autisme de petite grenouille.

La fin de semaine dernière, ce rêve est remonté. Mais…

Est-ce raisonnable comme rêve avec une petite grenouille? L’autisme étant un handicap très social, les plus grosses difficultés se trouvent au niveau des interactions interpersonnelles. Petite grenouille a encore des retards et des difficultés au niveau du langage. Alors, est-ce une bonne idée de l’isoler sur un voilier pendant des mois? Le fait de ne pas côtoyer d’autres enfants quotidiennement va-t-il le faire régresser. Le retirer de l’école, arrêter l’orthophonie et l’ergothérapie pendant une longue période aura quels impacts? Est-ce que cela pourrait lui nuire et ralentir ses progrès, voir même influencer son niveau d’autonomie une fois adulte?

De toute façon ce rêve est le mien. Malheureusement, papa grenouille ne semble pas le partager avec moi. Alors, j’ai encore le temps de trouver mes réponses avant de réussir à convaincre l’homme d’embarquer avec moi dans ce projet fou.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire