mardi 13 avril 2010

Le couple

La majorité des couples ayant un enfant différent se sépare. C’est triste, mais c’est la dure réalité.

Papa grenouille et moi, nous sommes toujours ensemble. Nous avons réussis à traverser le plus gros de la tempête. En fait, nous recommençons à être des amoureux. Je vous explique.

À l’arrivée de petite grenouille, comme beaucoup de maman, je vivais presque en symbiose avec mon bébé. Papa grenouille participait extraordinairement bien aux soins de bébé. J’étais sur mon nuage. On découvrait nos nouveaux rôles de parents. Par contre, avec le corps de maman meurtri par l’accouchement, l’allaitement, l’adaptation à notre nouvelle vie, l’intimité du couple d’amoureux a un peu été mise en veilleuse.

Quand les premières inquiétudes face au développement de notre grenouille sont apparues, maman grenouille s’est transformée en lionne. Je voulais protéger mon enfant, me battre pour lui, défoncer les portes. Je refusais de me faire dire non. J’exigeais des réponses à mes questions. Je voulais être présente à toutes les étapes, pour que rien ne soit oublié, pour que rien ne soit bâclé. Il m’était impossible de rester en attente sur ces interminables listes. J’avais un urgent besoin d’agir, de réagir.

À ce moment, notre couple est devenu une équipe. Papa grenouille me laissait aller dans mes élans. Dans le fond, il n’avait pas vraiment le choix. La lionne en moi aurait probablement rugit s’il avait tenté de m’arrêter. Il a comprit cela et c’est sûrement une des raisons de notre réussite.

J’ai mis ma carrière de côté; j’ai mis l’amoureuse de côté; j’ai mis MaMaMartine de côté; je suis devenue maman grenouille. J’étais dans une course vers l’obtention d’un diagnostique. Parce que çà prends le diagnostique pour avoir des services. Sans le fameux papier, pas de subvention, pas d’orthophonie, pas d’ergothérapie… Papa grenouille m’épaulait du mieux qu’il pouvait, un peu étourdi par toutes ces démarches. Lui, travaillait pour amener l’eau au moulin et moi, je m’occupais des démarches, des évaluations.

Une fois le diagnostique obtenu, il fallait encore attendre, sur des listes, pour obtenir des services du réseau public. Comme la lionne refusait d’attendre sans réagir, je me suis lancé corps et âme dans la stimulation précoce. Je suis devenue, grâce à l’aide du réseau privé, un peu orthophoniste, un peu ergothérapeute, un peu psycho-éducatrice… Papa grenouille était très présent pour la petite grenouille, mais il restait un peu en marge de tout ce qui concernait l’autisme. Il m’écoutait, m’encourageait, me soutenait dans mes élans, mais venait que rarement aux rendez-vous.

Lorsque nous avons finalement obtenu les services du réseau public, maman grenouille est tombée. C’était comme si la pression relâchait. Je n’avais plus à être en « mode urgence ». Ma petite grenouille était prise en charge. Mon corps m’a fait payer tout ce que je lui avais demandé. Papa grenouille est resté debout. Il est devenu mon pilier.

Nous avons vécu les étapes du deuil de façon décalé. Le plus important, je crois, c’est que nous avons respecté le rythme de chacun. Quand l’un s’écroulait l’autre tenait le fort.

Sur notre chemin, il y a eu de belles rencontres. Des professionnels qui nous ont écoutés et épaulés. On s’est créé un nouveau réseau social, avec des amis qui vivent la même chose que nous. On a été chercher l’aide nécessaire. Malgré la perte d’une grande partie de nos amis présents avant le diagnostique, nous avons eu de belles surprises : des connaissances devenues des amis précieux, la maman d’un ami d’enfance de papa grenouille, pédopsychiatre, qui m’a beaucoup guidé. Et surtout, mes parents, un papi et une mamie extraordinaires, qui nous offrent du répit. Mes parents nous rappellent souvent de ne pas se perdre, de s’octroyer de petits oasis de couple.

Aujourd’hui, je pense que nous avons réussis à trouver un certain équilibre. La lionne est disparue, maman grenouille se permet d’être aussi MaMaMartine. Papa grenouille s’implique plus que jamais. Nous nous permettons de belles oasis de couple, d’intimité. Je peux affirmer que nous ne sommes plus qu’une équipe, que nous ne sommes plus que des parents, nous sommes un couple d’amoureux à nouveau.

Et bientôt, grâce à papi et mamie, qui s’occuperont de notre petite grenouille, nous aurons une belle semaine d’amoureux, un voyage inattendu. Ce sera la première fois, depuis sa naissance, que nous serons séparés aussi longtemps de notre petite grenouille. Fiston est un peu anxieux, maman aussi, mais l’amoureuse que je suis est comblée.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire